Encore une journée de travail. Je ne prenais plus de temps pour moi depuis l'évasion de Michel Morgewood. Le tueur en série, ainsi que sa complice brune, était introuvable. Et depuis maintenant quelques jours, je recevais des appels anonymes chez moi. Lorsque je décrochais, je n'entendais rien d'autre qu'une respiration. Cela avait le don de me terroriser. Depuis, je me réveillais souvent la nuit pour vérifier que ma porte était bien fermée et je dormais avec la lumière allumée. J'étais toujours habité par une grande tension.
Mais ce soir, j'étais décidé à aller faire un tour à la fête foraine de la ville pour me changer les idées. Nous étions samedi soir. Oui, il m'arrivait de travailler samedi et quand un tueur en série s'échappe de sa prison, cela n'avait rien d'exceptionnel. En tout cas, je venais d'arriver sur les lieux et j'étais décidé à tester toutes les attractions. Mais d'abord, je devais manger quelque chose. Arrivant devant un stand à nourriture, je pris un hot-dog cheddar avec du ketchup. Me retournant, je cherchais une table des yeux. Mais elles étaient quasiment toutes occupées. Sauf une. Me dépêchant, j'arrivais à la table encore inoccupée et m'installait. Enfin un peu de tranquillité.

Assise à ma table, je regardais les gens autour de moi. Il y avait des familles, des adolescents en manque de sensations fortes et des personnes âgées venues là pour regarder la vie suivre son court. Pour ma part, si j'étais là, c'était pour décompresser, évacuer la peur qui me nouait l'estomac. Je mangeais mes frites avec un gros tas de mayonnaise et mon hot-dog recouvert de moutarde. En gros, je ne faisais absolument pas attention à ce que je mangeais. Alors que j'allais reporter mon regard sur la foule, j'entendis une voie s'élever près de ma table. Relevant la tête, je vis qu'il s'agissait d'une jeune femme et elle avait de quoi manger dans les mains. Elle venait d'ailleurs de me demander si elle pouvait s'asseoir. Je lui souris avant de hocher la tête. J'avais la bouche pleine et il était très malpolie de parler avec de la nourriture dans la bouche. Quelques instants après, un jeune garçon vint nous demander s'il pouvait nous emprunter la bouteille de ketchup. Et quasiment au même moment, un homme que j'avais l'impression d'avoir déjà vu, demanda à s'installer à la table.

"Jeune homme, sers toi, la bouteille de ketchup est tout à toi. Quand à vous monsieur, installer vous. Plus on est de fous, plus on rit."

*Aussitôt que la blondinette acquiesça à la demande de l'italienne, cette dernière déposa ses affaires sur la table, épousseta rapidement le banc et s'assit dessus. En guise de remerciement, elle lui sourit franchement et commença à manger à son tour. Le bruit autour d'elle l'agaçait. Elle aimait bien les enfants, mais quand ils gardaient une distance raisonnable vers elle et quand ils avaient la bouche fermée et un air angélique sur le visage.
La jeune femme avait à peine avaler sa première frite qu'un jeune homme vint demander la bouteille de ketchup et un autre demanda à son tour s'il pouvait s'installer. Pas de doute, c'était la crise entre le manque de place et le manque de bouteille de ketchup. La jeune blonde face à elle fut plus rapide, et accepta la requête de chacun. Pour que le jeune homme souhaitant s'asseoir ait assez de place, elle se décala sur le côté, sa nourriture avec elle.
Elle ne les connaissait ni d'Eve, ni d'Adam, mais ils s'étaient tous au moins rejoint sur la même galère, une place assise. D'ailleurs, le jeune homme qui avait demandé du ketchup devait certainement ne pas avoir de table lui non plus. Et puis après tout, un de plus ou un de moins, ce n'était pas la mer à boire. Le visage tourné vers le brun, la brunette s'adressa à lui.*

"Je pense que vous pouvez vous asseoir aussi, si vous voulez ... On est à peu près tous dans la même galère ..."


*Surtout que si ce n'était pas lui qui s'y asseyait, quelqu'un d'autre le ferait certainement, à voir tout les gens debout guettant le moindre départ.Voilà autre chose qui désespérée profondément l'Alestra. On organisait pas une fête foraine avec une aire de pique nique avec seulement quatre tables qui se courraient après. Jusqu'à preuve du contraire, manger une barquette de frites en faisait le grand 8 était quasiment impossible. Parfois, elle se demandait ce que les américains avaient en tête ...*